Le top 5 des choses que mes parents ne comprennent pas

Article : Le top 5 des choses que mes parents ne comprennent pas
Crédit: Iwaria
25 août 2021

Le top 5 des choses que mes parents ne comprennent pas

Le texte ci-dessous est celui que j’ai utilisé pour postuler à la huitième édition du concours de Mondoblog. Ce qui m’a permise d’être sélectionnée. C’est un texte assez personnel que je décide de partager. Bonne lecture et surtout rendez-vous dans les commentaires pour en discuter !

Les stéréotypes ont de beaux jours devant eux ! Du moins pour ce qui concerne mes parents. Il y a une kyrielle de choses qu’ils ne comprennent pas et qu’ils refusent de comprendre. Tu auras beau expliquer, de long en large, preuves à l’appui, c’est peine perdue. Et pour toute réponse, on te dira que “l’école des blancs t’a gâtée’’. Il existe tellement de points d’incompréhension que pour cette fois, j’orienterai mon texte sur cinq points, axés sur un thème central qui revient à longueur de discussions : le mariage

Ils ne comprennent pas… 

qu’à 35 ans, je sois toujours célibataire, sans enfants

Pour une fille malinké, qui sait lire et écrire, ou encore qui a réussi à terminer le secondaire, c’est déjà problématique d’avoir un mari. Imaginer alors que tu aies fait des études universitaires, c’est l’hécatombe 🙂 ! Un sacrilège que d’avoir laissé sa fille aller jusque-là sans qu’elle ne soit encore mariée ! A 35 ans, bon nombre de personnes dans ma famille considèrent que j’ai raté ma vie. Et c’est peu de le dire. Pour une femme, à cet âge, on devrait être une épouse et mère de famille.

J’ai depuis le jeune âge aimé les études, plus j’avançais plus mon envie d’étudier grandissait. J’ai franchi les étapes une par unes et mon père n’a jamais été contre, donc je continuais d’avancer. Mais plus j’avançais, plus il m’était demandé quand je comptais m’arrêter et penser à me marier. Ils ne comprenent pas pourquoi je continue de faire “papier de blanc”. Ils n’en voient pas l’intérêt vue que la réussite d’une femme c’est d’avoir un bon mari.

 

que le mariage n’est pas forcément l’ultime finalité pour moi,

Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que le mariage n’est pas forcément l’ultime finalité pour moi. Je veux pouvoir continuer d’évoluer sur le plan professionnel sans que cela n’influence négativement ma vie sentimentale. Pour moi, la vie professionnelle n’est pas forcément incompatible avec la vie de couple. Je veux qu’on me laisse cette possibilité de m’épanouir dans ce que je fais au quotidien en dehors de la maison. Je ne suis pas de ceux ou celles qui pensent qu’une femme ne réussit que si elle est mariée. La vie ne se limite pas au mariage. Alors pourquoi stresser ? Quand le moment de Dieu arrivera, je me marierai. En attendant, je profite de mon célibat 🙂 ! 

qu’à la place de “soumission’’, je veuille mettre  “respect mutuel”,

Je le redis encore une fois, je ne suis pas contre le mariage. Mais pour beaucoup, si j’ai atteint ce stade sans l’être, c’est que je l’ai voulu.  Donc je ne veux pas me marier tout simplement parce que je veux jouer les “toubabou mousso” (femme blanche en bambara). C’est pourquoi les hommes me fuient :).

Ils ne comprennent pas, au cours de nos discussions sur le mariage, qu’à la place de “soumission”, je parle plutôt de “respect mutuel”. Chez nous, il est  de coutume que la femme soit soumise à l’homme, qu’elle fasse tout dans la maison. C’est la norme, ça l’a toujours été depuis la nuit des temps. Quand tu essaies d’aller contre cela, tu es systématiquement stigmatisée. Tu n’es pas “mariable”. On te dira que ce sont les discours que tu tiens qui ont éloigné les hommes de toi…”Non mais allô quoi”! Pour parler comme Nabilla. 

que je vive seule alors que je ne suis pas mariée,

Une autre chose que certains parents de la grande famille ne comprennent pas, c’est le fait de vivre seule alors que je ne suis pas mariée. Pour eux, une femme doit nécessairement rester en famille jusqu’à ce qu’elle fonde son foyer. Du moment où ce n’est pas le cas, c’est la catastrophe ! Tu es taguée de femme aux mœurs légères.

Ils ne comprennent pas qu’à un moment donné, le besoin d’avoir son espace personnel  se fait sentir , tu as besoin de pouvoir disposer de ton temps comme tu l’entends surtout si tu as un travail aux horaires flexibles…Ils ne comprennent vraiment pas !

que je veuille décider pour moi,

Ils ne comprennent pas, que je veuille décider pour moi. Chez nous, quel que soit son âge, l’enfant doit obéir à ses parents. Son avis personnel ne compte pas. Les hommes, passe encore. Eux, ce sont les futurs hommes de la famille. Mais pour les femmes, décider pour soi-même, c’est une toute autre histoire.

Je ne veux pas m’inscrire dans cette dynamique. Cette dynamique de vouloir faire taire la femme à travers la tradition. Je suis pour le respect de celle-ci mais dans sa forme la plus moderne. Cette tradition qui permet à la femme le choix de décider pour elle.

Même si certains membres de ma famille ne comprennent pas forcément mes choix, mes prises de positions sur certains sujets, il n’en demeurent pas qu’être un exemple de réussite pour mes sœurs, de pouvoir discuter avec elles de nos conditions, de leur donner des conseils, est une grande récompense pour moi.

A toutes ces filles, femmes, mères, épouses, qui sont stoppées dans leur désir d’entrevoir un avenir autre que ce qu’on veut leur imposer, je dirai : croyez en vous et en vos capacités. Vous pouvez changer votre destin. Il suffit d’y croire. Foncez !!

Partagez

Commentaires

Traore Amos Joel Yohane
Répondre

Toute mes félicitations très chère Asstou et bien bienvenue dans la famille Mondoblog. Ton billet est vraiment formidable et le message qu tu as véhiculé est exceptionnel. L'Afrique a besoin de plus de jeunes femmes comme toi pour briser certains stéréotypes. Merci encore et je suis persuadé que tu vas réussir tout ce que tu vas entreprendre

Asstou
Répondre

Merci Amos pour tous ces d'encouragements ?.

Affoussata FOFANA
Répondre

😍😍🥺🥺🥺🥺🥺🥺 je viens de lire avec les larmes aux yeux. Je suis si fière de toi grande soeur.

Asstou
Répondre

Orr, merci sœurette 😘.

Adam Coulibaly
Répondre

chère Astou,
Je loue ton courage et ton abnégation dans les études. Je pense également que personne ne cherche à te marier de force. Sinon tu ne serais pas là à écrire ces lignes. Tes parents t'auraient déjà "donner" comme le dit chez nous. Ton père t'a laissé aller le plus loin possible dans les études : c'est une chance que d'autres filles aimeraient avoir. Temoigne ta reconnaissance à tes parents et sois sage en sollicitant leurs bénédictions.Ils t'ont laisser étudier, ils vont te laisser te marier. C'est à toi de faire le pas... Le mariage, c'est un bonheur qu'ils aimeraient te voir savourer."la soumission" te fait peur?
Sois sereine, notre belle religion l'islam parle le même langage que toi. Elle parle de respect mutuel. Nos parents nous aiment plus qu'on ne le comprenne parfois.

Ton condisciple Adama

Asstou
Répondre

Bonjour Adama, merci pour ton message…

Je comprends ton point de vue. Mais je ne la partage pas totalement. j'ai écrit ces lignes pour dénoncer une situation que les filles subissent à un moment donné de leurs vies, pas pour dénigrer mes parents :). Crois moi que je leur suis reconnaissant pour tout et ils le savent. Nous ne partageons simplement pas le même avis sur certains sujets, notamment ceux dont j'ai parlé dans ce billet. Pour en arriver là où je suis actuellement, j'ai dû jouer à l'aveugle, la sourde et la muette à certains pour avancer vers ce qui me semblait juste pour moi, et je ne le regrette pas…

Pour ce qui est du mariage, je n'en ai pas peur. Juste que la vie ne s'arrête simplement pas parce qu'on n'est pas marié. Je crois en la puissance des mots. Je préfèrerai donc toujours le "respect mutuel" à la "soumission". Car certains se cachent derrière ce mot pour oppresser, blesser, violenter, limiter les libertés de leurs épouses. Ce que je ne conçoit pas, mais alors pas du tout !

Suis très sereine hein, t'inquiète. Je sais que mes parents m'aiment et font ce qu'ils pensent être bon pour moi. Mais le message que je souhaitais véhiculer au travers de ce billet, c'est d'amener les filles, les femmes à s'accomplir quelque soit la situation dans laquelle elles pourraient se trouver.